-
VACHES SAUTEUSES
Transformer un animal de rente en animal de compagnie, l'idée peut sembler loufoque. Anne Wiltafsky l'a pourtant prise très au sérieux. Elle a monté la première école pour vaches de Suisse à Kilchberg (ZH). «Je veux donner la possibilité aux vaches de montrer toutes leurs capacités, explique la jeune femme. Je veux aussi montrer aux humains comment on peut former le bétail.»
Dans cet endroit unique, les vaches apprennent à dérouler un tapis rouge, à effectuer des sauts d'obstacle, à grimper sur un podium et, surtout, à se faire monter. «Elles ne font que ce qu'elles veulent», explique Anne Wiltafsky. Cette licenciée en philosophie d'origine allemande précise donc que «le facteur jeu est très important chez les vaches». L'observation du comportement animal joue un rôle essentiel pour apprendre à la bête à obéir aux ordres. «L'élément primordial, c'est que la vache se laisse conduire et me suive avec plaisir. Tous les éléments suivants dépendent de cela.» Les ordres de base qui sont enseignés sont: avancer, s'arrêter et aller à gauche et à droite. Anne Wiltafsky a réalisé que, pour apprendre rapidement à une vache à se diriger, par exemple à droite, il fallait associer trois éléments: l'ordre vocal «droite», le mouvement de sa baguette devant l'oeil droit et le déplacement de son corps sur la droite de l'animal.
Des biscottes comme récompense
Mais personne ne sait plus les éduquer, regrette la jeune femme. Les bovins sont réduits au lait et à la viande, c'est très dommage. Les nombreuses capacités du bétail sont tombées dans l'oubli. Cela me fait plaisir de les remettre au goût du jour et c'est pourquoi j'ai fondé cette école pour vaches. Et aussi parce que j'aurais adoré en visiter une.» La philosophe souhaite aussi que son action change le comportement des humains. «Je souhaite promouvoir le charme, l'intelligence et la fidélité des vaches. Cela donnera une autre vision des animaux et nous poussera à avoir un comportement respectueux et joyeux envers eux.» http://www.lematin.ch
Les récompenses font bien entendu aussi partie des ingrédients sacrés pour qu'une vache vous obéisse au doigt et à l'oeil. «Chaque fois qu'elle a fait quelque chose de juste, je lui donne deux biscottes et des caresses.» Plus le contact est précoce, plus les résultats seront impressionnants. Dans certains pays où on utilise encore les boeufs pour labourer les champs, il faut souvent au moins trois hommes costauds pour les faire avancer. La faute à un dressage tardif et à la dure. Anne Wiltafsky mise, elle, sur la douceur. Dès qu'un veau naît, elle passe une demi-heure à ses côtés, le caressant et lui parlant. «C'est le principe pour qu'il se sente bien et en sécurité en ma compagnie et aussi qu'il connaisse ma voix. Par ce biais, l'animal devient résistant au stress.» Les contacts corporels sont au centre de la démarche de la jeune femme. Cela se vérifie lorsque les vaches atteignent l'âge de 1 an et demi et commencent à se faire monter. Tout se fait progressivement. D'abord, on s'assied sur l'animal couché pour le caresser, ensuite sur l'animal debout, toujours pour le caresser ou le nourrir, puis on le fait monter par un cavalier léger ou un enfant. L'étape finale consiste à ce que la vache se fasse monter sans que personne ne la tienne à la longe. Anne Wiltafsky entraîne aussi le bétail à tirer des chars. Comme cela se faisait à l'époque.
-
Commentaires